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Construction 4 - in various materials - (11'09)

 

Propos : double hommage aux "Constructions" de John Cage et aux premiers mois de mon apprentissage de la Musique Concrète.
John Cage à écrit trois pièces pour percussionnistes sous ce titre, et la première (Construction 1 in metal) m'avait assez marqué lorsque je l'avais découverte sur disque dans ma jeunesse, comme contrastant avec les quelques musiques contemporaines que je connaissais alors, à la fois plus simple sur le plan rythmique et plus riche sur le plan sonore.
J'ai moi aussi trois "Constructions" à mon actif (Cinq tentatives d'assemblage, Les corps sonnants et Jeux de construction), dont la deuxième devient en quelque-sorte ici la quatrième dans une version temporellement écourtée et spatialement élargie. Sa structure et sa rythmique ne sont pas aussi rigoureux que ceux qu'a appliqué Cage dans ces compositions (4.3.2.3.4 de 16 mesures pour la première), et la distribution spatiale des "percussionnistes virtuels" est beaucoup plus imbriquée, mais il me semble y avoir malgré tout une certaine parenté...

Histoire : constituée d'une grande partie des Corps sonnants de 2008, étendus à l'espace volumétrique 80 canaux.

Origine des sons : prises de sons de corps sonores principalement réalisées entre les années 1986 et 1995, sur magnétophone à bande et sur DAT (notamment dans la classe de percussions du CNR de Lyon), mais aussi quelques-unes plus récentes (par exemple lancement de blocs de bois sur le carrelage de ma cuisine à Sillens), le tout complété par quelques sons récupérés sur Internet.

Déroulement :
- rassemblement des collections d'objets sonores par catégories de production
- premiers montages sur 18 canaux
- application de la technique de "démixage" sur la plupart des sons (Unmixing Station) pour obtenir des extensions variables de leur masse spatiale
- montage des rendus 18 canaux précédents combinés avec des objets démixés sur 32 canaux
- Prélude : reprise du montage multipiste original (première section), redistribution des blocs spatiaux et resserrement temporel
- enrichissement par ajout d'éléments issus du travail pour Les corps sonnants

Compatibilités : l'écriture sono-spatiale fonctionnant par blocs très tranchés et contrastés s'accomode assez bien d'une réduction de la densité et de la simplification du dispositif de diffusion, mais nécessite néanmoins une organisation multicouche, même a minima. Sa diffusion sur un dispositif uniquement périphonique comme un dôme est fortement déconseillée...

 

 

 Opérations

Comme le propos consistait à utiliser les sons bruts, sans autres traitements sur leur matière qu'un peu d'égalisation et de réverbération, les opérations dans les différentes versions ont consisté essentiellement en du montage.
La toute première version en 17.1 était basée sur le simple placement des objets stéréo originaux.
Ce travail initial de composition était conçu comme on monte un (petit) mur de pierres, la construction se faisant son par son, à la fois par leur placement dans le temps et dans l'espace (les pistes). C'est comme ça que l'on faisait à l'époque de la bande magnétique, et j'aurais pu réaliser ce genre de séquences dans les années 80 sur une bande 16 pistes... 

La spatialité que ça procurait était toute de même un peu trop simpliste, et une deuxième étape a consisté à "démixer" la plupart des sons (avec la version de démo d'Audionamix Unmixing Station) pour leur conférer une épaisseur et un mouvement intérieur.
La structure des pistes  2 à 8 sur lesquelles sont simplement disposés les sons fait toujours référence à l'organisation spatiale du format 17.1 (je n'ai pas retrouvé les fichiers originaux correspondants à ce travail).

 

 

La troisième étape a consisté à utiliser ces montages 18 canaux comme une base autour de laquelle se sont greffés d'autres sons multiphoniques issus de captations originales 8 canaux ou également obtenus par "démixage", ce qui a constitué la première version des "Corps sonnants" au format 22.2.
La fonction des pistes consiste ici encore à répartir les canaux des sons multiphoniques selon des groupes simples, sortes de "pupitres" d'espace, comme l'on placerait des percussionnistes à certains emplacement de la salle, à l'intérieur desquels les sons se trouvent distribués d'une manière plus ou moins aléatoire, à part pour la piste "Direct" où les canaux suivent la disposition initiale du 17.1.
Cette structure simple a permi de décliner ensuite la pièce en plusieurs versions, 32 puis 42 canaux, jusqu'à ce Prélude sur 80 canaux.




 

Le Prélude reprend à peu près les deux tiers du montage précédent (dans la version 32 canaux).
La structure des pistes suit cette fois l'organisation du cirque plutôt que du cinéma : "Devant" est remplacé par "Nord", "Droite" par "Est" etc., ce qui ne change pas en soi le principe de la répartition initiale par blocs. Seule la piste "Lointain" qui s'inscrivait dans le plan frontal se trouve distribuée autour. Elle comporte toujours un plugin de réverbération multicanale (maintenant le UniVerb 80).

Pour passer des 32 canaux aux 80 il a suffit de remplacer les plugins de routage sur chacune des pistes : les vieux Acousmodules de 2008 sont remplacés par ceux de 2023...
Ce qui est intéressant dans cette évolution entre les projets, c'est que l'augmentation du nombre de canaux de composition permet d'augmenter le niveau de détail des masses sonores, qui en 2008 comportaient beaucoup plus de canaux (souvent 18) que le positionnement des sons sur une zone du dispositif ne permettait de l'entendre. Quantitativement il n'y avait rien de perdu, les masses spatiales étaient simplement repliées sur elle-mêmes en fonction du nombre de canaux qui était disponibles. Avec cette dernière version, les mêmes masses spatiales disposent enfin de la place nécessaire pour révéler leurs détails, et l'ensemble gagne évidemment en relief et en "efficacité". D'une certaine manière, c'est se rapprocher, avec des moyens et des effets très différents, de la production acoustique d'un instrumentarium de percussions où chaque source de vibration est indépendante et où le "mixage" des sons se fait intégralement dans l'air.
Chose intéressante, à partir de cette composition à multiples sources de vibration – les 80 points haut-parlants composés – il est facile d'opérer le cheminement inverse si l'on doit diffuser la pièce sur un dispositif moins détaillé, par exemple un dôme, un "22.2" ou un acousmonium "2D".

      

 

 

La finalisation sur le mixage 80 canaux présente comme c'est souvent le cas quelques petits resserrements temporels ainsi qu'un léger travail sur la dynamique.